Un beau jour de printemps, on découvrit sur les côtes d Thrace un navire étranger déchiqueté par la mer agitée. Pourtant cela ne surprit guère les habitants du coin qui n’avaient que trop l’habitude de voir s’écraser ces bateaux venus de terres lointaines. Comme à l’accoutumée, les gens des villages alentours qui se promenaient longèrent la côte à la recherche de quelconque richesse qu’aurait pu contenir un bateau de cette taille. Pourtant, ce jour là, Pelliops, une futur prêtresse du temple d’Aphrodite, se baignait dans une crique isolée et réservée aux prêtresses du temple. La montée de la marée ramenait toutes sortes de choses dans cette crique et cette fois ci, ce fut singulièrement différent.
Pelliops sursauta et cria d’une force incroyable. Elle revint vers le bord de la plage et recouvrit son jeune corps nu dans un pagne propre. Mettant sa peur de côté, elle plongea dans l’eau salée et ramena près du rivage une chose peu commune : un corps d’homme. Elle s’aperçut alors que malgré son pitoyable état, l’homme respirait toujours. Elle se surprit même de pousser un petit cri lorsque la poitrine du gisant se souleva. Instantanément, elle se releva et alla au temple pour y chercher des secours.
Bien plus tard, le jeune homme inconnu se réveilla après de longs jours de sommeils. Il regarda tout autour de lui d’un air hébété.
*Où suis je donc ?*
Il s’assit sur le bord de sa couche et aperçut une jeune femme, assise sur une chaise près d’une fenêtre. Celle-ci le fixait intensément de ses profonds yeux verts. Elle se saisit de sa chaise et la rapprocha du lit très doucement comme pour ne pas l’affoler. Elle lui parla lentement en articulant pour qu’il la comprenne :
- N’aie pas peur étranger. Je suis celle qui t’a sauvée. Tu n’as rien à craindre avec moi.
Dracerinx la regarda bizarrement ne comprenant absolument pas son dialecte étrange. Voyant qu’il ne la comprenait pas, Pelliops et Dracerinx se livrèrent à une étude très poussée de la langue grecque. Ainsi, quelques mois après son arrivée, Dracerinx parlait fort bien le grec tel qu’il en était à ce jour non sans garder un certain accent très caractéristique. Pendant toute cette période, Ils ne parlèrent pas des origines de Dracerinx mais lorsque son apprentissage fut terminé, Pelliops ne put s’empêcher de lui demander.
- Dis moi Dracerinx… Lorsque je t’ai sauvé dans la crique, d’où venais tu ?
Il se renferma aussitôt et s’isola dans sa loge privée pour réfléchir. Le lendemain, Pelliops n’osa pas l’approcher par crainte et honte de sa question mais Dracerinx vint de lui même et l’amena au pied d’un vieux chêne. Elle ne l’interrompit pas et le laissa parler absorbé par son récit.
- Je ne sais pas exactement d’où je viens car je n’ait aucune notion de la longueur du chemin que j’ai pu parcourir…
« Je viens d’un pays éloigné. Mon groupe et moi avons emprunté la mer pour y découvrir un nouveau monde de paix et de prospérité. Notre ville, Alésia, est en guerre avec les cités voisines et cette agitation nous est devenu plus qu’insupportable. Mon meilleur ami avait une femme qui était enceinte et nous voulions les protéger des massacres et les emmener aussi loin que nous le pouvais Epona.
- Epona ?
- Oui Epona. La douce déesse des voyageurs et de l’eau. Il n’y a pas d’équivalence chez vos dieux. Nous autres gaulois, puisque c’est ainsi qu’on nous nommes, nous avons beaucoup plus de dieux que les votre. D’ailleurs, j’étais bien parti pour être beaucoup plus qu’un guerrier aux yeux de mes dieux…-Voyant le regard interrogateur de Pelliops, il poursuivit- Vois tu, chez nous il y a des sortes de prêtres comme chez vous qui sont les intermédiaires entre les dieux et les gaulois. Ils sont appelés druides.
« J’effectuais, avant tout ce périple une formation de druide, et j’étais paraît il très doué dans cet art. J’étais bien plus puissant que certains d’entre eux mais malheureusement je n’ait pas eu le temps de le prouver. Quoiqu’il en soit, j’étais très doué dans le domaine de la magie mais aussi bien dans celui de la force physique, chose très rare pour les druides de mon époque.
« Mais je ne pouvais pas abandonner mon ami car il avait vraiment besoin de moi… Et je n’ai pas pu le sauver de cette catastrophe. A notre départ, nous avions volé un bateau de pêcheur qui n’avait pas d’occupant. Nous avons suivit un fleuve durant quelques jours sous la protection Séquana. Après cela, nous avons débouché sur la mer et nous nous sommes éloigné des côtes. La mer fut calme pendant les premières semaines puis un vent violent nous fit changer de cap et on se dirigea vers une tempête qui nous causa bien des soucis…
« Mon ami et moi n’avons pas pu faire résister le bateau contre ces vagues immenses. Je me souviens juste d’avoir vu une énorme vague déferlée vers moi et puis plus rien. Je savais qu’à présent j’allais mourir et que tous mes seuls êtres chers allaient mourir avec moi… Mais apparemment quelqu’un en a décidé autrement.
« Durant ma perte de connaissance, je fis un rêve très étrange. Je vis un hippocampe géant me parler. Il me disait que j’avais été choisi par le dieu des océans pour le servir. Il m’a dit que seul Poséidon pouvait me sortir de ce mauvais pas et me tirer de cette mer infernale. J’ai alors conclu un marché avec cet hippocampe… J’ai promis de servir son dieu de ma vie entière s’il sauvait mon ami et sa femme. L’hippocampe acquiesça et mon rêve changea. Je vis mon bateau sur une mer d’huile qui avançait légèrement malgré l’absence de vent. Le bateau accosta alors sur une île magnifique et je vis sur le pont, mon ami et sa femme, tous deux inconscients mais toujours vivants.
« Et c’est à ce moment précis que je me réveilla et que je te vis. A présent, je me plais à croire que mon ami s’en est sorti. Et une promesse est une promesse. Je partirais demain dès l’aube au temple le plus proche de Poséidon pour me mettre à son service absolu.
- Je crois que je vais pouvoir t’aider pour cela. Il existe en Grèce des guerriers capables de faire des choses prodigieuses au nom de leur dieu. J’ai eu vent de ces rumeurs et je connais justement là où se situent les marinas.
- Les marinas ?
- Oui ceux qui servent Poséidon. J’ai entendu cela grâce à un marchand athéniens qui se rend au Cap Sounion et qui effectue une petite halte en ce moment dans ce village pour ce reposer de sa longue route. Il part après demain dès l’aube. Tu pourras certainement lui monnayer ton voyage en guise d’une protection supplémentaire pour sa marchandise ce qui n’est pas refusé en de pareils conditions. Je m’occupe de tout va !
- Merci beaucoup Pelliops…
Le surlendemain de ce jour, Dracerinx partit au Cap Sounion dans une petite caravane de marchand pour se mettre au service du dieu qui l’avait aidé à survivre et à protéger ses êtes chers qu’il aimait temps. Malgré cette pensée, Pelliops ne put s’empêcher de verser quelques larmes en pensant à l’ami avec qui elle avait passé de bons moments depuis quelques mois.
* Bah ! C’est la destinée de tous…*
